Et moi ?
Il y a longtemps que je ne suis pas venue vous embêter en vous racontant ma vie de petite chatte oubliée. Vous souvenez-vous encore de mon nom ?
Moi, je m'appelle Silice, et cela fait des mois maintenant que je suis en accueil chez Eric. Je partage ma chambre avec Hélice, ma grande copine. Je suis très joueuse, comme elle. il paraît que nous nous comportons davantage comme des chatonnes que comme des adultes. Mais ça, vous, vous ne pouvez pas le comprendre. Car nous avons été chatonnes dans les vides-sanitaires de l'hôpital. Nous sommes nées et avons dormi à même le sol, et nos mamans ont même du nous défendre contre les rats. Quand nous avons pu sortir, ce sont les humains qui nous ont chassées. Moi, dans la courette de gastro, je ne sortais que lorsque j'avais faim et puis la nuit quand j'étais sûre de ne pas rencontrer d'humains. Alors vous comprenez qu'aujourd'hui, même si je n'ai pas un très grand espace pour évoluer, je m'éclate avec des balles, des fausses souris, des arbres à chat et je suis en sécurité. Et puis je dors sur un lit, ou dans une corbeille bien confortable. Oui, je sais, ça non plus vous ne pouvez pas comprendre. Vous avez toujours dormi sur un lit...
Mais c'est vrai qu'au niveau contact, je n'ai guère fait de progrès. Ou plutôt, pas assez pour être une chatte "adoptable" pour le commun des mortels. Pourtant, je suis si gentille, si douce, si curieuse. Depuis quelques semaines, notre espace s'élargit pendant plusieurs heures avec la chambre de Camille, le couloir et parfois même le grand salon, quand les chats d'Eric sont tous à l'extérieur et qu'il peut alors fermer les entrées de la maison. Alors je cours, je découvre et j'essaye les fauteuils... Parfois, Eric s'installe devant ce qu'il appelle le piano. Alors, je suis hypnotisée. Je m'assois à un mètre et je le regarde, je regarde les mains qui bougent, les pieds sur lespédales et j''écoute, sans bouger jusqu'à ce qu'il arrête...
Je sais qu'il faut que j'ai confiance. J'ai vu un gros chat qui se faisait caresser et qui ne se sauvait pas. Je regarde à distance et cela m'intrigue : s'il ne se sauve pas, c'est que cela ne doit pas être si désagréable que ça ? Alors quand Eric vient dormir dans notre chambre et qu'il est endormi, je viens doucement et avec ma patoune je tâte ses grosses patounes à lui, ou ses mains. Au moins quand il dort, il ne bouge pas, ce n'est pas dangereux... mais quand il bouge, ben j'ai encore peur et je ne me livre pas... le déclic n'est pas loin et je me rend bien compte que quand il aura lieu, je pourrais sortir car derrière les fenêtres, je sais qu'il y a encore bien des choses pour satisfaire ma curiosité. Il paraît qu'il me faudrait une famille avec un ou deux chats sympas, que je verrais se faire caliner sans danger, que cela provoquerait l'ultime déclic, car chez Eric, le contact avec ses chats sont interdits pour notre sécurité... Une famille où je sois intégéreé, où je pourrais aller et venir en toute liberté, à mon rythme en me calquant sur le comprtement de mes gentils copains. Une famille vraiment amoureuse des matous, et pas des peluches, patiente, qui puisse m'intégrer telle que je suis, douce, tranquille, timide... mais si heureuse de vivre en sécurité... une famille qui mérite ma confiance...
De toute façon, je sais maintenant que je ne retournerais jamais à l'hôpital...
Aucune photo ne me rend vraiment justice. Dès que le flash s'active, la sur-exposition me transforme en chatte tigrée un peu pâle et mes beaux reflets roux disparaissent... non, non ! les photos du bas, ce n'est pas moi !
Je m'appelle Silice et je suis une petite chatte de l'hôpital de Perpignan...